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Skuld

Le Requiem des Anciens

EPISODE 1

Mot de l'auteur

Les chapitres qui vont vous être proposés constituent le premier épisode du Requiem des Anciens.

Cet épisode à pour vocation d'introduire les personnages ainsi que l'univers mit en place dans cette idiotie carrément cool. 

Chapitre 1

Chapitre 1

Quand Bethsabée, que tous surnommait Beth par soucis de praticité, était arrivée dans la meute de Medb, il y a plus de cela plus de huit siècles, elle savait qu'elle faisait un choix audacieux. Aujourd'hui, son audace se transformait en inconscience distrayante, mais dangereuse.

Réunir plusieurs des plus vieux loups-garous existant dans une même Meute, ce n'était peut-être pas l'idée la plus judicieuse qu'ils aient eu. A l'époque pourtant, ça semblait bien. En réalité, jusqu'à hier soir, c'était chouette. Puis ce matin, trois cadavres à moitié déchiqueté avait été découvert par un agent du FBI qui faisait son footing sur Nicollet Island, juste au bord du fleuve Mississipi, en plein cœur de Minneapolis.

Comme par hasard, Beth était là au moment de cette découverte. L'odeur du sang l'avait attiré alors qu'elle faisait sa promenade matinale. Il l'avait vu, puis retenue pour qu'elle se fasse interroger sommairement par un petit policier du rang. Comme elle était d'un laconisme exaspérant, le policier l'avait laissé rentrer chez elle rapidement.

- Elle doit être sous le choc. Avait-il dit à son collègue, ignorant que le femme pouvait les entendre. On en tirera rien pour le moment.

- On enverra quelqu'un chez elle plus tard dans la matinée.

 

Beth une fois rentrée, avait tout de suite téléphonée à son Alpha.

Trois personnes en morceau, ça ressemblait à du loup-garou pas content. Il fallait régler ça rapidement avant d'attirer l'attention sur la meute. Et puis ... quoiqu'il en soit, Beth se devait de mettre son ami au courant de sa mésaventure matinale. Elle aurait été une bien piètre amie si elle l'avait gardé pour elle seule.

Cela faisait une petite dizaine d'année que la meute s'était établie dans le Minnesota sans qu'il n'y ait d'incident majeur. Pas dont les loups-garous soient responsables en tout cas. L'époque de Murderapolis n'était pas bien loin et Minneapolis restait une ville qui manquait cruellement de normalité. Il n'était pas rare d'y croiser quelques faes de petite envergure. Pour la plupart, ils étaient attirés par la seule présence de plusieurs Anciens sur un même territoire, pour les autres, c'était à cause d'un seul des leurs qui avait froissé la divinité celtique de la Mer par le passé. Les Anciens, ou Premiers Loups, n'étaient pas très nombreux et avaient la fâcheuse tendance de dégager un charisme si positif que seule la terreur qu'ils inspiraient pouvait freiner. Heureusement pour Beth, qui n'était pas bien terrifiante, elle avait à ses côtés d'autres loups qui l'étaient énormément.

En tout cas, pas de doute : les semaines à venir seraient difficile pour des loups-garous. Il faudrait qu'ils fassent extrêmement attention à leurs faits et gestes et qu'ils réfrènent leurs envies de dévorer des choses. Zut ! Et les journaux qui mettront cette histoire en avant, sous un titre du genre« Retour de la violence à Murderapolis : Une famille cruellement tuée », c'était la fin de tout ce qui était amusant dans leur vie. Enfin, c'est ce que Beth aurait pu dire si les loups-garous étaient vraiment les monstres que tout le monde voyait en eux.

Il allait falloir que le meute trouve lequel de leur congénère avait fait un tel massacre et qu'ils lui règlent son compte avant que les agents fédéraux ne lui mettent la main dessus et ne découvrent l'existence des loups-garous. Le monde n'était pas encore prêt pour accepter cette idée.

Un vague « ouais ? » résonna dans son oreille, interrompant le fil des pensées de la louve-garou.

- Je te jure que ce n'est pas de ma faute. Commença Beth immédiatement.

 

- De quoi tu me parles ? grogna l'Alpha d'une voix ensommeillée.

 

- Trois personnes ont été tué sur Nicollet Island, à cinq minutes de chez moi. Je me baladai dehors ce matin et ça sentait le sang. Je suis juste allée voir, promis.

 

- Beth, qu'est-ce que t'as fait encore ?

 

- Mais je t'ai dit que c'était pas moi !

 

- Je ne parle pas des morts, je parle de ce que tu as fait pour que tu te sentes obligée de me dire que tu as « juste » été voir.

 

- Celui qui a trouvé les corps est un agent du FBI. J'ai été interrogé par les flics. Répondit-elle.

 

Medb lâcha un juron. Elle n'était pas bête, elle savait que Beth s'était mis dans l'embarras sans que la louve ait besoin de le préciser.

L'Alpha était une des seules femmes à avoir ce titre. Il fallait dire qu'elle tirait plus de la guerrière amazone que de la femme au foyer des années quarante.

 

Beth ne connaissait pas tous les détails concernant la vie de l'Alpha avant leur rencontre en 1172, mais elle savait qu'elle avait affrontée Cúchulainn et un paquet d'autres personnalités, quels soient lycanthropes, faes, vampires ou monstres infernaux.

Medb était une louve impressionnante, une femme avec une assurance incroyable. Elle était le prédateur ultime : patiente, réfléchie, déterminée et bien sûr, orgueilleuse. Pourtant, elle n'était pas bien grande : elle peinait à dépasser le mètre soixante-cinq, mais son charisme la rendait au moins aussi immanquable que sa silhouette fine et sa masse de boucles auburn.

En quelques années à Minneapolis, elle s'était faite connaître sous le nom de Medb Weller, présidente du groupe Patrimony. Il s'agissait là d'un énorme point névralgique de la culture américaine qui protégeait les civilisations amérindiennes, alimentaient les fonds de plusieurs réserves et surtout, permettait à toutes les créatures surnaturelles qui avaient signé un contrat de ne pas péricliter. Medb avait commencé son affaire peu de temps après l'arrivée de la meute aux Etats-Unis, elle avait rapidement trouvé des clients parmi les faes migrants et les nouveaux monstres qui souhaitaient vivre parmi les humains sans se faire remarquer. Contre un serment d'allégeance, un droit de passage et d'action sur leur territoire individuel et un peu d'argent, Medb était capable de sortir n'importe qui de presque n'importe quels problèmes. La sécurité contre leur liberté totale en quelque sorte.

Quand Beth l'avait rencontré, Medb était déjà une force de la nature. Ancienne et descendante des faes, son sens de l'humour particulier en faisait une personne presque agréable à vivre. Mais tout le monde savait qu'il fallait mieux être derrière elle qu'en face. C'est peut-être pour cette raison que Beth et elle s'étaient aussi bien entendues. Ça, et parce qu'elle était du genre à faire la gamine régulièrement et que Medb supportait ça sans trop de mal. Pour Beth, c'était un bon moyen de faire oublier son âge et ses fêlures mentales. Il n'y avait rien de plus facile que de faire l'idiote. La louve trouvait même cela tellement simple qu'elle se demandait parfois si elle n'était pas complètement stupide ...

 

- Qu'est-ce que tu leur a dit ? soupira Medb.

- Que j'étais là par hasard.

 

- Par hasard comme « oups je suis sur une scène de crime » ou comme « J'ai pas fait attention, je suivais mon nez » ?

 

- Un mélange des deux ? hésita Beth. Quoiqu'il en soit, ils ont dit que le FBI allaient passer chez moi pour me poser des questions.

 

- Tu veux que je te fasse venir un avocat ?

 

- Je te rappellerai si j'en ai besoin, mais je ne pense pas que ce soit nécessaire. Je n'ai rien fait. Je n'ai même rien touché sur la scène de crime.

 

- J'espère bien que tu n'as rien touche ! Sérieux Beth, comment est-ce que tu fais pour te foutre dans des situations pareilles ?

 

- Oh, ça va. Ça fait au moins une vingtaine d'année que c'était pas arrivée.

 

- Treize ans, ce n'est pas une vingtaine d'années Beth. Dois-je te rappeler pourquoi nous avons quitté le Michigan ?

 

Beth haussa les épaules en attendant la suite de ce que lui dirait Medb. C'était évident, elle n'allait pas évoquer la raison de leur déménagement pour Minneapolis, mais elle allait lui prodiguer quelques consignes inutiles, mais nécessaires.

- Fais attention à ce que tu dis. S'ils ont des soupçons sur toi, ça va tous nous retomber dessus.

 

- Tu crois que je l'ignore ?

- Non, mais je te le rappelle quand même.

 

Medb lui conseilla ensuite de la jouer « extralucide ». Dire qu'elle avait senti des énergies néfastes et ce genre de choses ne serait qu'un demi-mensonge et aurait le bénéfice de la faire passer pour une illuminée. Les forces de l'ordre avaient tendance à ignorer ou à laisser passer les comportements de ceux qui se prétendaient voyants. Si on la croyait folle, on oublierait probablement qu'elle était sur une scène de crime où trois cadavres en lambeaux avaient été retrouvé. Et si ça ne fonctionnait pas, Beth n'aurait qu'à appeler Medb et elle lui trouverait l'un de ses avocats hors de prix qui sont capables d'innocenter des tueurs alors que toutes les preuves les condamnent. Dans le pire des cas, Medb graisserait la patte de certains membres influents du gouvernement et ils laisseraient tomber.

Beth soupira avant de reposer son téléphone. Elle eut à peine le temps de poser ses fesses dans le canapé en cuir brun et ses pieds sur sa table basse qu'on toqua à la porte. Comme elle habitait un appartement du building La Rive, au 110 Bank Street et comme elle habitait au quinzième étage, aucune chance que ce soit des plaisantins, donc.

Même à travers la porte, Beth avait entendu leurs pas lourds et leurs voix graves. Certainement les agents du FBI. Deux hommes, probablement costauds. S'il y avait l'agent qui courrait ce matin, il y en avait au moins un des deux qui était grand et musclé. L'autre pouvait être gras ou pas très sportif, ça expliquait l'odeur de sueur pénétrante et la respiration haletante ... Ils n'avaient pas pris l'ascenseur ? Etait-ce du courage ou de la stupidité ? Avaient-ils pensé que Beth tenterait de s'enfuir ?

La louve-garou ouvrit la porte avec un sourire crispé.

- Anabeth Adler ?

Elle tiqua un instant sur l'identité. Elle avait tellement l'habitude qu'on l'appelle Beth qu'elle avait complètement oublié que son prénom complet, depuis qu'elle vivait ici était « Anabeth ». Elle prenait toujours un prénom dérivé de son véritable prénom quand elle changeait d'identité. Au fil du temps, elle en avait eu un certain nombre : Bethsabée, Elisabeth, Bethany, Bethel ... et maintenant, c'était Anabeth.

Elle fit passé son trouble pour de la surprise puis ouvrit la bouche :

- Vous avez frappé à la bonne porte, messieurs ... ?

- Agent Spécial Smith et Agent Spécial Baker, FBI.

 

Beth haussa un sourcil. Agent Smith, comme dans Matrix ? Est-ce que c'était une plaisanterie, une couverture ou son véritable nom ?

 

Elle ne s'était pas trompée : il y avait le jogger et un petit homme grassouillet.

Smith était plutôt pas mal de près, quoique assez quelconque pour une femme ayant vécue plusieurs siècles en côtoyant de véritables beautés masculines, des beautés surnaturelles. Pour un humain ayant la trentaine bien passée, il s'entretenait remarquablement, mais ça s'arrêtait là. Baker, lui, était insipide. Le genre « petit fonctionnaire sans envergure en fin de carrière ». Baker senior devait être haut placé et avoir appuyé sa requête pour entrer dans le FBI sans quoi, Baker junior n'aurait fait que travailler devant un moniteur.

- On vient vous parler des meurtres sur Nicollet Island. Reprit Smith.

- Je m'en doutais. Grimaça-t-elle. Entrez, je vous en prie.

 

Les deux hommes s'avancèrent tandis qu'elle ferma la porte derrière eux. Elle inspira longuement et leur proposa une boisson chaude. Ils acceptèrent un café que la louve commença tout de suite à préparer.

 

- Je ne sais rien. Reprit-elle en posant les tasses devant eux.

 

- Nous n'avons même pas commencé à vous poser des questions, Madame Adler.

- Madame Adler, c'était ma mère. Appelez-moi Beth.

 

Dans les séries criminelles, les gens les moins suspects demandaient toujours à se faire appeler par leur prénom. Le trait d'humour sur sa mère était aussi reprit d'une série. La mère de Bethsabée n'avait jamais été Madame Adler. Adler n'était qu'un patronyme prit au hasard dans une liste de quinze noms de famille lorsqu'elle avait changé d'identité pour la dernière fois.

Les deux fédéraux échangèrent un regard perplexe puis Smith reprit la parole.

 

- Très bien. Beth, pourriez-vous nous racontez les événements depuis votre levée jusqu'à la découverte des corps, s'il vous plait.

 

- Je me suis réveillée tôt. J'avais envie de me promener alors je suis sortie. Je suis tombée sur ses pauvres gens.

 

- Et qu'avez-vous vu ?

- Rien du tout. Répondit-elle un peu trop précipitamment.

- Ce n'est pas la peine de mentir, je vous ai vu sur les lieux du crime il y a à peine deux heures et je vous ai vu regarder fixement les corps, comme pour les étudier. Donc qu'avez-vous vu ?

Est-ce que c'était maintenant qu'elle devait jouer l'extralucide ? Pouvez-être vraiment être sérieuse en parlant d'intuition et de spiritualité ? Ce n'est pas qu'elle n'y croyait pas. Bien au contraire, même. Et c'est justement pour ça qu'elle le sentait mal. Elle pouvait toujours changer de sujet ...

- Est-ce que vous vous appelez vraiment Smith ?

 

- Il s'appelle vraiment Smith. Répondit Baker. Revenons à notre sujet s'il vous plait. Si vous avez vu les corps, pourquoi ne pas avoir prévenu la police ?

 

- Parce que Monsieur Smith était déjà sur place, peut-être.

 

- Comment auriez-vous pu savoir que j'étais un agent fédéral ?

Sérieusement ? Il posait la question ? Beth ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel.

 

- Je vous en prie, vous en avez la dégaine. Si vous n'étiez pas du Bureau Fédéral d'Investigation, vous étiez soldat. C'était l'un ou l'autre.

 

Devant l'air circonspect des deux hommes, elle précisa :

 

- Il n'y a qu'un soldat ou un type de FBI qui ferait son jogging à cinq heures du matin sur Nicollet Island alors qu'il faisait quoi, moins six degrés ? Personne de sensé ne sort par un temps pareil.

- Vous oubliez les serveuses dans les cafés-spectacles. Termina Smith en consultant ses notes. Vous aussi vous étiez sur Nicollet Island. Vous ne faites que ça dans la vie ? Vous avez l'air plutôt aisée financièrement.

- Le Café Equinoxe paye plutôt bien ses employés.

- Il faut croire vu l'appartement que vous possédez. Il vaut quoi, cinq cent mille dollars ?

- Vous devriez voir la salle de bain, elle est fabuleuse.

Les deux agents échangèrent un regard qui en disait long sur ce qu'il pensait de Beth. « Celle-là, elle est soit coupable, soit stupide. Mais elle nous cache quelque chose. »

Il fallait qu'elle sorte de leur liste de gens suspects à tout prix. Tant pis, elle allait utilisé le plan de secours.

- Je n'ai pas tué ces gens, si c'est la question que vous n'osez pas poser, messieurs.

- Dîtes nous ce que vous nous cachez dans ce cas. Fit Smith, soudainement autoritaire.

 

En tant que louve soumise, ça n'avait pas toujours été simple pour Bethsabée : certains loups dominants croyaient avoir des droits sur elle et Beth avait plus souvent fuit que combattu. Elle était d'un naturel effacé, elle n'aimait pas se mettre en avant ni attirer l'attention sur elle. Pas plus qu'elle n'aimait les conflits et les situations dérangeantes. Etre soupçonnée de meurtre avec des circonstances aggravantes comme « cruauté » ou « massacre » c'était une situation dérangeante. Vraiment très dérangeante. Elle aurait dû mal à justifier que pendant la pleine lune, il fallait qu'elle se transforme en loup pour aller dévorer du lapin. Révéler l'existence des créatures surnaturelles n'était clairement pas son objectif du siècle. Elle était trop vieille pour toutes ses bêtises.

En revanche, un détail qui avait tendance à être oublié, c'est que ce n'est pas parce qu'elle était soumise qu'elle obéissait au doigt et à l'œil de n'importe qui. L'ordre de l'agent spécial Smith n'avait pas la moindre valeur pour elle. A vrai dire, elle était même profondément remontée contre le fédéral mais elle le masqua derrière un faux sourire. Le mépris couvrait la sincérité de ses mots quand elle rouvrit la bouche :

- J'ai senti quelque chose dans l'air et j'ai décidé d'aller voir de quoi il s'agissait. Je savais déjà qu'il y allait avoir des cadavres.

 

- Vous êtes en train de nous dire que vous êtes médium ?

Elle leva de nouveau les yeux au ciel mais ne répondit pas par la négative, seulement par la phrase suivante :

- J'ai des sens extrêmement développés. 

Chapitre 2

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A venir

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